Pour une présentation de l'oeuvre, voir cette page de mon site.
En concert, Ernest ANSERMET a plusieurs fois dirigé cette 5e symphonie de Ludwig van Beethoven. L'interprétation proposée ici provient du concert donné le 10 octobre 1962, à l'époque diffusé en direct sur l'émetteur de Sottens. C'était le premier concert d'abonnement de la saison 1962-1963, avec au programme:
-► Robert Schumann, ouverture Manfred, op. 115
-► Johannes Brahms, Concerto pour piano et orchestre No 2 op. 83
-► Ludwig van Beethoven, Symphonie No 5 en ut mineur op. 67
La présentation qu'en donna Roger VUATAZ dans le Radio TV Je vois tout du 4 octobre 1962, en page 51:
"[...] Il fut un temps où le premier concert de l'abonnement marquait le début de la saison dans les villes de Genève et de Lausanne, où l'Orchestre de la Suisse romande sonnait le grand rappel des amateurs de musique symphonique: aujourd'hui chacun continue de l'honorer d'un chapeau neuf. Pour les auditeurs radiophoniques, disséminés dons les villes, les vallées et les campagnes à mille lieues à la ronde, il n'y a plus de début ni de fin de saison, puisque chaque semaine, et même plusieurs fois dans chacune des cinquante-deux semaines de l'année, la radio leur apporte, outre la production de leur studio particulier, l'écho de manifestations artistiques et mondaines (festivals nationaux et étrangers, concours internationaux, etc.) qu'ils écoutent avec autant de dévotion qu'une traditionnelle ouverture de saison.
Toutefois, la qualité des interprètes: Ernest Ansermet (qui commence sa quarante-cinquième saison à Genève) et Wilhelm Backhaus (qui va vers sa 79e année), tout autant que le caractère monumental des oeuvres annoncées («Concerto en si bémol» de Brahms et «Cinquième Symphonie» de Beethoven) donneront à cette manifestation automnale l'aspect d'un portique majestueux par où s'engage, pour la première fois, le plus grand effectif que l'Orchestre de la Suisse romande ait jamais compté: 111 musiciens.
En face des oeuvres les plus célèbres du répertoire symphonique, les commentateurs sérieux de programmes s'en tirent, en général, par une pirouette, disant que tout a été dit sur les oeuvres en question. Et c'est la vérité: tout a été dit, le meilleur et le pire que les commentateurs pas sérieux continuent de divulguer, ne voyant pas que souvent le meilleur est le pire, parce qu'on a accrédité l'idée que les documents d'époque pouvaient le mieux nous renseigner sur les oeuvres alors que ces dernières ont tellement perturbé les esprits et commotionné les intelligences que personne n'était capable, au jour de leur naissance, d'en dégager la signification avec sécurité et sérénité. Espérons que le jour est proche où l'on pourra parler des grandes oeuvres du passé (je pense ici spécialement à toutes celles de Beethoven) enfin retirées de leur contexte mythologique où l'on se plaît à les laisser couchées comme de grands enfants dans leur premier moïse! [...]"
Deux courts échos de ce concert:
"[...] La cinquième symphonie de Beethoven est une oeuvre qui a été l'objet, au cours de sa carrière, de la préoccupation toujours en éveil d'Ernest Ansermet, l'objet de bien des victoires remportées souvent par la volonté, l'énergie. Hier soir, Ansermet a dominé cette oeuvre avec une sorte de sérénité où il y avait beaucoup de noblesse [...]" Franz WALTER, Journal de Genève du 11 octobre 1962, en page 12.
"[...] Ansermet donna en fin de concert une interprétation souverainement équilibrée de la Cinquième Symphonie de Beethoven. Il faut, pour recréer l'esprit immortel de ces pages, une maturité, un sens presque philosophique des correspondances entre l'art et la vie qui est une des vertus d’Ernest Ansermet. L’éminent chef de l’O.S.R. s’attache, dans la Cinquième Symphonie, à dégager les lignes essentielles, avec une simplicité et une humilité qui prêtent à l’harmonie de Beethoven son caractère d’absolue nécessité. L’O.S.R. a su comprendre les intentions de son chef et a joué avec une ferveur et une dignité qui ont soulevé l'enthousiasme du public. [...]" "J.P." dans la Gazette de Lausanne du 9 octobre 1962, en page 4.
Ludwig van Beethoven, Symphonie No 5 en ut mineur, Op. 67, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 10 octobre 1962, Victoria-Hall de Genève